Le secteur bancaire représente 9% de notre PIB alors qu’il en représentait encore 14% il y a dix ans. Cette régression est principalement due à la fin du secret bancaire, à la fin de différenciation par la Suisse de l’évasion fiscale par rapport à la fraude fiscale.
Aujourd’hui, la Suisse ne peut donc plus compter sur les capitaux que de riches étrangers veulent soustraire à la voracité du fisc de leur domicile. S’il est certain que la qualité des services bancaires est parfois supérieure en Suisse, les banques suisses et, de manière plus générale, le secteur des services financiers, ne peuvent plus s’appuyer uniquement sur leur réputation. Autrement dit, on ne peut pas s’assoir sur nos lauriers. Il faut innover. Les discrets salons feutrés des banques privées genevoises avec leurs gestionnaires de fortunes rassurent l’entrepreneur retraité qui cherche la préservation de son capital pour ses héritiers, mais ce n’est plus suffisant : il faut absolument participer et surtout anticiper les changements de cette industrie afin de garantir l’attractivité de nos banques pour les privés et surtout pour les clients institutionnels.
La Suisse, petit pays, a toujours été un leader dans le domaine bancaire, avant avec une absence de réglementation internationale qui nous permettait de faire ce qu’on voulait ; maintenant, nous sommes soumis aux règles de l’OCDE et si nous voulons que les générations de futures fortunes étrangères pensent à placer leur argent chez nous, nous devons leur offrir la traditionnelle discrétion, mais également une technologie de pointe supérieure. Idem pour les clients institutionnels. De plus, il faut que nous conservions notre indépendance stratégique et de ce fait que nous ayons la main sur la création de ces services : si nous achetons ces services à l’étranger, non seulement nous perdrons de la richesse et du savoir, mais nous dépendrons également des autres pour faire notre travail, ce qui n’est jamais une bonne chose.
La fintech est aujourd’hui un tournant majeur dans le domaine des services financiers. Aujourd’hui encore, la valeur refuge traditionnelle est l’or et la monnaie refuge le franc suisse. Mais pour combien de temps ? La Suisse est rassurante du fait de la force de son industrie du secteur secondaire, de sa stabilité politique, de sa gestion interne, de son innovation technologique avec les EPF, mais pas dans la fintech (malgré ce que certains articles glorifiants veulent bien dire en se tapant sur le ventre et disant qu’on est les meilleurs, cela n’a jamais été la bonne recette pour être, dans les faits, les meilleurs). La fintech, c’est Londres, Singapour, la Silicon Valley ou encore la Chine. Les cryptos monnaies sont américaines, russes ou chinoises, mais pas suisses ! Pour finir, la BNS, conservatrice à outrance, ne voit même pas l’intérêt pour notre pays d’être le premier État à créer une crypto monnaie basée sur les fondamentaux étatiques. Une crypto monnaie d’État serait assurément un atout extraordinaire pour notre pays.
En conclusion, le constat est tout de même là : on manque de créativité et d’innovation dans ce domaine sous prétexte que c’est un secteur traditionnel, voire traditionaliste, et que si l’on a toujours fait comme ça, c’est que ça fonctionne comme ça. Un peu réducteur, me semble-t-il.
Sandro Patronaggio
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