Fiscalité écologique : la nécessaire utopie
La dernière réforme fiscale d’importance dans notre pays a été acceptée à l’insu des Suisses. C’était la réforme de la fiscalité des entreprises II, dont le tribunal fédéral a jugé qu’elle avait été acceptée en votation sans que les électeurs aient pu, faute d’une information suffisante, en saisir les enjeux. D’autres réformes -plus modestes- de la fiscalité, hausse temporaire de la TVA, allègements pour les couples mariés et pour les familles avec enfants ont été acceptées, mais après de longs et tortueux compromis. C’est dire si les réformes fiscales sont difficiles à faire passer ! Certains projets ambitieux, comme l’introduction d’une fiscalité écologique, semblent ainsi voués à l’échec. L’addition des résistances diverses ne laissant aucune chance au changement…
Dommage ! Car la fiscalité écologique est un outil parfait pour accompagner la sortie du nucléaire. Pour anticiper le renchérissement inéluctable de l’énergie, réduire la dépendance énergétique de la Suisse et stimuler la production indigène d’électricité et les emplois qui lui seront liés. Supprimer la TVA en échange d’une taxe sur les énergies non-renouvelables comme le proposent les verts libéraux dans leur initiativeDie Initiative ist in der Schweiz ein politisches Recht der ... déposée aujourd’hui pourrait stimuler l’innovation et favoriser le développement des secteurs durables de l’économie. Ce serait l’orienter vers son avenir !
Contrairement à d’autres pays, la Suisse dispose d’une grande marge de manœuvre fiscale. Elle aurait les moyens de se montrer créative et de faire de l’impôt un instrument incitatif. On peut imaginer toutes sortes de modèles : une taxe sur les énergies non renouvelables en échange d’une suppression de la TVA, mais pourquoi pas une baisse des cotisations salariales, ou des primes d’assurance maladie ? C’est un débat passionnant, urgent, mais qui n’est hélas aujourd’hui qu’une utopie.
Pascal Jeannerat
Je recontre de plus en plus souvent le terme « utopie » lorsque l’on commence à réfléchir à une solution des problèmes actuels, constatés par la politique, les médias et les citoyens. Ce terme est utilisé pour décrire une société idéale et donc impossible comme l’Eldorado de Candide.
Votre enthousiasme, M. Jeannerat, me montre que cette idée n’a rien d’utopique, car si une masse critique la partage, elle se réalisera. En effet il faut travailler dur pour la faire passer. Il faut y croire. C’est donc dommage que vous la disqualifiez d’emblée en la traitant d’utopie, une utopie synonyme d’irrationnel et non de potentiel.
Si vous y croyez vraiment, M. Jeannerat, alors faites vous le porte-parole des espoirs des citoyens, et non de la frilosité des politiciens. C’est du moins ce que j’attends de la presse.
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